Jean-Marc Huart, Recteur de l’académie de Nancy-Metz, ou Fossoyeur du métier d’enseignant ?
Sous prétexte de pallier les difficultés à trouver des remplaçants dans certains établissements de l’académie et dans certaines matières, le recteur a décidé de créer, pour la rentrée 2022, une brigade numérique de remplacement constituée d’enseignants titulaires qui n’exerceront qu’en visio-conférence.
La fiche de poste a été présentée au Comité Technique Académique ce jeudi 10 mars. Initialement, 16 postes étaient prévus, mais, lors de cette instance, face à la résistance notamment des représentants des personnels FO, ce nombre a été réduit à 7.
Pour résumer les choses, ces collègues ne seront plus face à des élèves, mais devant un écran où ils auront sans doute bien du mal à distinguer les visages d’élèves inconnus qui se trouveront eux à des kilomètres de là, dans une salle de classe, sous la surveillance d’un AED (assistant d’éducation) et qui ne communiqueront avec leur professeur qu’à l’aide d’un micro que l’AED fera passer de l’un à l’autre !
Il faut ne jamais avoir enseigné, ni même mis les pieds dans une salle de classe pour penser un instant qu’un tel dispositif constitue une solution satisfaisante au manque de personnel !
Le recteur appelle cela une « innovation », c’est en tout cas un précédent national ! Pour FO, c’est un dévoiement, une dénaturation inacceptable du métier d’enseignant !
S’il y a une chose que tous, parents d’élèves, professeurs et élèves eux-mêmes, ont pu constater pendant les différentes périodes de confinement liées au COVID, c’est que l’enseignement à distance n’est en rien équivalent à l’enseignement en présence, la transmission des savoirs passe avant tout par la présence réelle d’un enseignant face aux élèves. Le processus d’apprentissage nécessite de l’interaction, un dialogue permanent entre le professeur et ses élèves afin d’être en mesure d’adapter au mieux sa pratique aux réactions, aux besoins de ces derniers.
Ce constat, le Ministère de l’Éducation Nationale l’aura fait également.
En effet, la volonté du Recteur de mettre en place cette brigade numérique est en contradiction totale avec l’acharnement du Ministre en janvier dernier, à maintenir coûte que coûte les élèves dans les classes, devant leur professeur. Alors même que les contaminations dépassaient les 300 000 cas par semaine, à aucun moment il n’a été question de fermer les classes et d’avoir recours à l’enseignement à distance.
Pour FO, résoudre les problèmes de remplacement et le manque de personnel en général passe par un recrutement massif, une véritable formation et l’augmentation des salaires !
7 enseignants mis en réserve pour ces remplacements à distance, ce sont 7 enseignants qui ne seront pas dans les classes devant des élèves !
En matière de dégradation, le Recteur n’en est à pas à son coup d’essai, puisqu’en tant qu’ancien DGESCO au Ministère (le bras droit du Ministre), il a été responsable de la mise en place de la réforme du lycée, toujours rejetée par une majorité de personnels.
Ce dispositif, s’il devient effectif, constitue une attaque inédite, brutale et insupportable contre le métier même d’enseignant.